Le Printemps de Prague
En 1968, vingt ans après le coup de Prague, la Tchécoslovaquie est une République socialiste, dirigée par le parti communiste. Un mouvement contestataire est lancé dès 1967 par Dubcek au sein du parti, à l’encontre du dirigeant Novotny. Le 5 janvier 1968, Brejnev décide de remplacer ce dernier par Dubcek qui prend la tête du parti. Novotny perd également la présidence de la République tchécoslovaque le 30 mars au profit de Svoboda.
Ce duo mène une politique de réformes : souhaitant introduire un « socialisme à visage humain », Dubcek ambitionne de promouvoir les droits fondamentaux et annonce vouloir mettre fin au parti unique. De plus, il met en place un système fédéral entre deux nations : la Slovaquie et la Tchéquie. Sur le plan économique, il y a une prise de conscience du retard de l’industrie du pays face aux puissances occidentales. Ainsi, les réformes consistent à libéraliser les salaires et à se rapprocher du modèle occidental. Dubcek adopte une série de réformes économiques préparées par Ota Sik. Le rôle de la planification, qui n’est pas supprimée, est atténué, et une sorte de socialisme de marché se met en place. Il y a également une volonté d’ouverture et une promotion des exportations. Enfin, il y a une remise en cause de certaines idées du marxisme-léninisme, notamment le concept de lutte des classes. Tout ceci génère certaines critiques envers l’URSS, auxquelles contribue la libéralisation de la presse. Mais Dubcek prend garde de maintenir la prééminence du parti communiste.
Ces réformes sont mal accueillies en URSS, car cela fragilise le camp socialiste et est assimilable à une critique du régime soviétique. D’autres dirigeants de PECO, tel que Gomulka en Pologne, s’inquiètent de cette libéralisation et considèrent la Tchécoslovaquie comme un mauvais exemple. En outre ils craignent de devoir faire face à des mouvements insurrectionnels dans leur propre pays. Selon le principe brejnévien de « souveraineté limitée », les troupes du Pacte de Varsovie envahissent en août 1968 la Tchécoslovaquie, écrasant le Printemps de Prague et faisant plusieurs dizaines de morts. Dubcek demande à la population de ne pas résister, et conserve le pouvoir. Pourtant, en 1969, sous pression soviétique, il est remplacé par Husak, qui est beaucoup plus docile à l’égard de Moscou. S’en suit un processus de « normalisation » qui correspond à un retour au modèle antérieur au Printemps de Prague. Les dirigeants favorables aux réformes sont destitués. Au final, seul le système fédéral résistera à cette normalisation.